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La lettre du Père Léon

La lettre du Père Léon

Moi, c’est Arthuro ! Et je suis le lutin en chef du Père Léon, le cousin du Père
Noël, qui habite en Afrique du Sud. Notre rôle est simple : nous sommes le plan
B du Père Noël ! Si un malheur lui arrive pour Noël, nous sommes chargés de
distribuer les cadeaux à sa place.
Comme chaque année, je m’occupe de tout vérifier pendant que le Père Léon
se repose dans son transat au bord de l’eau. J’appelle le lutin Arthur, lutin en
chef du Père Noël, afin de vérifier que toutes les lettres ont été lues, que tous
les jouets ont été fabriqués et que le Père Noël et ses rennes sont prêts pour le
grand départ.
Je sais bien que nous ne sommes que l’équipe de remplacement, mais je
préfère tout contrôler « au cas où »…
– Allô, qui est là ? demande Arthur d’une voix enrhumée.
– Bonjour Arthur, c’est Arthuro, je réponds avec gaîté. J’appelle pour savoir
si tout est prêt pour demain ?
– Comment cela ? demande Arthur avec un air étonné. Tu n’as pas reçu
notre lettre ?
– Quelle lettre ?
– Eh bien la lettre adressée à Père Léon la semaine dernière, indiquant que
le Père Noël avait attrapé la grippe ! Cette année, c’est le Père Léon qui
doit le remplacer, m’annonce Arthur d’une voix paniquée. Tu n’es pas au
courant ?
– Si, si, bien sûr ! Je réponds pour le rassurer. Je t’appelais pour te dire que
tout était prêt de notre côté ! Passez de bonnes fêtes !
Je raccroche rapidement et file voir le Père Léon, toujours occupé à bronzer
dans son maillot de bain rouge et blanc :
– Père Léon ! Avez-vous reçu une lettre de votre cousin la semaine
dernière ?
– Quel cousin ? demande le Père Léon sans ouvrir un œil.
– Le Père Noël bien sûr ! Vous n’avez qu’un cousin, je réponds en fronçant
les sourcils.
– Ah… euh…
Le Père Léon se frotte le menton :
– Les lettres, je les mets dans ma poche. Voyons voir si… ah, la voilà !
Le Père Léon sort paisiblement le courrier encore cacheté et plié dans tous les
sens. Il ouvre et lit :
« Cher Père Léon,
Je suis malade et je ne vais pas pouvoir livrer les cadeaux cette année. Je te
passe le relai ! Je te souhaite bon courage pour cette nuit de folie, je vais en
profiter pour découvrir ton activité favorite : la sieste !
Joyeux Noël cher cousin !
Le Père Noël »

Soudainement, dans toute l’Afrique du Sud, c’est la panique. Le Père Léon se
précipite dans ses appartements pour tenter de remettre la main sur son
costume.
De mon côté, je fonce à l’ateliers des lutins et je hurle :
– Debout là-dedans ! Plan B activé ! Réveillez les cheminées de transit,
nous allons réceptionner les cadeaux !
Heureusement, nous n’avons pas à fabriquer les cadeaux en si peu de temps.
Il nous suffit d’ouvrir nos cheminées de transit pour recevoir les cadeaux qui
proviennent du Pôle Nord, créés par les lutins du Père Noël.
Aussitôt activées, les cheminées commencent à cracher les cadeaux et les
lutins les réceptionnent un à un. Il faut alors les classer par continent, puis par
pays. Les lutins s’activent et je fonce voir ceux qui m’inquiètent bien plus… les
lapins.
Eh oui, nous ne pouvions pas garder des rennes en Afrique du Sud, les
températures sont bien trop élevées. Alors, pour tirer notre traineau, nous
avons… des lapins.
J’ouvre l’enclos et énonce :
– Laitue, Frisée, Batavia, on se réveille ! Roquette, Cresson, on s’active !
Préparez-vous, cette année, c’est vous qui allez tirer les rennes !
Les lapins bâillent et Roquette me regarde avec un air ahuri :
– C’est un exercice ? On est le 1er avril ?
Je réponds aussitôt :
– On est le 24 décembre et ce n’est pas un exercice ! Ce soir, nous volons
dans les cieux !

Tout est fin prêt pour le départ : les lapins ont cessé de bâiller et sont attelés au
traineau, les cadeaux sont placés dans la hotte et le Père Léon a trouvé une
robe de chambre rouge et blanche. Ce n’est pas vraiment le costume officiel
mais cela fera l’affaire pour cette année !
Je m’apprête à dire au revoir au Père Léon lorsqu’il me demande :
– Arthuro, je suis un peu inquiet, tu ne voudrais pas m’accompagner ?
J’attends ce jour depuis ma naissance ! Hop, je grimpe aussitôt sur le traineau
et nous décollons vers les premières maisons.
Et heureusement que je suis présent car le Père Léon ne cesse de commettre
des bourdes : il manque de marcher sur la queue d’un chien qui dort près de la
cheminée, il confond le cadeau de la petite Margot de Paris avec celui du petit
Lucas des Pays-Bas et il oublie de manger les gâteaux laissés pour lui !
Heureusement, je l’aide à remplir sa mission et nous terminons la distribution
pile au moment du lever du soleil !
De retour en Afrique du Sud, le Père Léon s’allonge sur son transat et soupire :
– C’était la nuit la plus épuisante de ma vie ! J’ai bien mérité une bonne
sieste d’au moins… une année !
Je ramasse la robe de chambre du Père Léon et une lettre tombe de sa poche.
Je lui demande :
– Père Léon, c’est quoi cette lettre ?
Il l’ouvre et lit :
« Père Léon,
Je suis ta cousine la fée des dents. Je viens de me casser une aile et je ne peux
plus voler. Voudrais-tu bien me remplacer la nuit pendant les trois semaines à
venir ?
Merci beaucoup cher cousin !
La fée des dents. »
Oh non…

De Déborah Mirabel

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