Trois pe)ts pas dans la neige - Ocarina Player
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Trois pe)ts pas dans la neige

Trois pe)ts pas dans la neige

ALBA – Bonsoir et bienvenue dans notre chambre d’enfants. Je vous en prie, installez-vous près du
feu et glissez-vous sous la couverture. Voici Gabriel, mon peBt frère. Il aime beaucoup les arbres et
jouer de la musique, surtout l’hiver, lorsque dehors il fait froid et que la lumière des bougies réchauffe
doucement la maison. Gabriel, présente-moi.
GABRIEL – Et voici ma grande sœur, Alba. Elle adore me raconter des histoires lorsque nous marchons
dans la neige.
ALBA – Nous vivons dans une peBte maison perdue au milieu des montagnes. Près de chez nous, il y
a une forêt épaisse et obscure avec des arbres immenses qui me terrifiaient quand j’étais peBte. La
nuit, on peut entendre les cris des hiboux et parfois même ceux des loups. Mais ne vous inquiétez
pas, ce sont eux qui ont peur de nous. Ils vivent à l’écart des hommes, bien cachés au fond de la forêt.
Ils ne viendront pas nous embêter.
Regarde ! Encore un !
Ah, mais vous ne savez peut-être pas ce que c’est ! Écoutez bien. Chaque hiver, des lapins apparaissent
aux quatre coins des montagnes. Ce ne sont pas des lapins habituels. Ils sont bleus. Ils viennent par
centaines nous annoncer quelque chose de spécial. Alors bon. Quoi, on ne sait pas bien exactement,
mais croyez-moi. Si dans la nuit vous voyez de peBtes lumières clignoter, ce sont eux, les lapins bleus.
GABRIEL – Alba, regarde ! Un autre !
ALBA – Où ça ?
GABRIEL – Là, sur le talus ! Derrière la cabane du jardin !
ALBA – Je ne vois rien ! Bon. Si ce que tu dis est vrai, c’en est bien un. Vite, Gabriel ! Mets tes bo^es et
ton manteau ! On va le voir de plus près.
Oh, je crois que tu t’es trompé. Ça devait être, je ne sais pas… Le reflet de la pleine Lune. Ou bien la
lampe-torche d’un randonneur. Bon. Il fait froid. Rentrons vite nous coucher.
GABRIEL – Aïe !
ALBA – Quoi ?
GABRIEL – Tu m’as écrasé le pied !
ALBA – Mais non ce n’est pas moi ! Regarde, c’est juste un lapin bleu. Un… Vite, vite, suivons-le !
Lapin ! Lapin !! Oh, lapin, où es-tu à la fin ?!
Super. Il a disparu. Où sommes-nous maintenant ? Tu vois quelque chose, toi ? Gabriel, c’est
dangereux. On s’est beaucoup trop éloignés de la maison. Que vont dire les parents demain lorsqu’ils
verront notre chambre vide ? Il faut rentrer et tout de suite. Si les loups nous trouvent, c’est fini pour
nous, tu comprends, ça ? Je n’irai plus jamais à la chasse aux lapins bleus.
GABRIEL – Alba ! Ne me laisse pas seul !
LA SOUCHE – Eh !
GABRIEL – Ah !!!
LA SOUCHE – Ça suffit ! On ne t’a jamais appris à ne pas t’assoir sur les gens ?
GABRIEL – Hein ?
LA SOUCHE – J’ai peut-être perdu mes branches, mais pas encore ma sensibilité !
GABRIEL – Qui me parle ?
LA SOUCHE – Celui sur lequel tu es assis. Tu commences sérieusement à me faire mal alors lève-toi
si tu ne veux pas que je te donne un coup de racine !
GABRIEL – C’est toi, la vieille souche ?
LA SOUCHE – Eh oh. Un peu de respect pour les anciens s’il-te-plaît. Et puis, je ne suis pas si vieux
que ça. Hier, j’ai fêté mes 453 ans. Tu sais peBt homme, chaque arbre a son histoire. Moi, j’en ai mille.
Et de toutes ces histoires, il y en a une qui reste gravée là. Elle me revient toujours. Surtout pendant
la pleine Lune.
Ce^e histoire vient d’un temps où la forêt qui t’entoure était encore jeune. J’étais un sapin immense
et fort, bien plus haut que les autres, si tu veux tout savoir. Imagine un peu. Mes branches s’étendaient
si loin qu’elles a^rapaient presque les étoiles. Et mes racines si profondes que je pouvaistoucher l’eau
sous la terre. Mais ce que j’aimais le plus dans ce^e forêt, encore plus que la lumière du soleil, le
parfum des fleurs et la magie des saisons, c’était elle. Faeloria. Un jeune sapin souple et grâcieux qui
vivait près de moi. Nous nous connaissions depuis que nous éBons nés et pas un jour ne se passait
sans que nous bavardions ensemble pendant des heures. Lorsqu’elle riait, ses branches fines
s’élevaient et dansaient tout autour d’elle. Et moi, je la regardais rire, si belle, si mystérieuse aussi, je
me demandais d’où venait ce^e lumière qu’elle portait en elle sans même le savoir. Vois-tu, peBt
homme, nous éBons liés elle et moi, bien au-delà de nos racines. Nous formions tous les deux un seul
et même arbre.
Mais par un soir d’hiver, des hommes sont venus. Les mésanges m’ont rapporté qu’ils étaient des
dizaines à grimper jusqu’à nous. La lumière de leurs lanternes brûlait les yeux des loups, des renards,
des sangliers, qui ont couru loin, très loin pour se cacher. Mais nous les arbres n’avons pas la même
chance que les animaux. Lorsque le danger s’approche, nous ne pouvons pas lui échapper. Alors les
hommes sont apparus. Plus vite que je ne m’imaginais.
UN BÛCHERON – Oh les gars, regardez !
UN AUTRE BÛCHERON – Super !
UN BÛCHERON – Les gens veulent de beaux sapins pour les fêtes. On les vendra demain comme des
peBts pains au marché. Allons-y et perdons pas de temps !
LA SOUCHE – Je suis tombé ce^e nuit-là mais ma voix ne s’éteignit pas. Elle s’éleva avec le vent et se
mêla à celles des derniers arbres restés debout. Au fond de moi, je savais que quelque chose
résisterait. Que les sapins conBnueraient de pousser. Que les enfants viendraient un jour jouer sous
leurs ombres. Alors souviens-toi peBt homme et n’oublie pas. Nous éBons là, nous avons aimé, et
nous conBnuerons à vivre toujours, à travers chaque nouvel arbre et chaque personne qui nous
regarde.
ALBA – Regarde Gabriel ! Une peBte graine ! Ça doit faire longtemps qu’elle a^end ici. Tu sais quoi,
on va la prendre avec nous pour la planter dans le jardin, près du pommier ! Écoute. Là-haut, sur le
chêne, je crois entendre quelque chose…
LE HIBOU – Hou-hou – hou-hou !
ALBA – Eh oh le hibou ! Toi qui es si haut, peux-tu nous indiquer le chemin du village ?
LE HIBOU – Comment sais-tu, peBte fille, que je suis un hibou ?
ALBA – Eh bien, c’est simple ! Les hiboux crient la nuit quand les autres oiseaux sont endormis.
LE HIBOU – Pas bête ! Mais, hou-hou, peBte fille, je ne peux pas t’aider. Je ne vois d’ici que la cime
des autres arbres. Il faudrait aller plus haut, encore plus haut dans le ciel pour retrouver le village.
Hou-hou !
ALBA – Mais ne sais-tu pas voler ?
LE HIBOU – Hou ! Bien-sûr que je peux. Mais vois-tu, je suis occupé. Je m’entraîne à chanter.
ALBA – Chanter ?
LE HIBOU – Hou-oui ! Pour devenir le plus grand chanteur de la forêt ! Les autres oiseaux me disent
que je n’y arriverai pas. Hou. Que ma voix est trop rauque pour rivaliser avec eux. Voilà pourquoi je
m’entraîne la nuit, lorsque tout le monde dort et qu’il n’y a personne à déranger.
ALBA – Je comprends. Mais tu sais hibou, chaque oiseau est unique. C’est ce qui fait leur beauté.
LE HIBOU – Hou ! Tu as raison, peBte fille. Mais moi, je rêve de gazouiller comme le rossignol dans la
brise.
ALBA – Avec ses cris stridents qui nous percent les tympans ?
LE HIBOU – Ou bien comme le merle qui trille dans la haie.
ALBA – Oh non ! Toutes ses notes sont fausses !
LE HIBOU – Alors je voudrais chanter comme le canard qui nage dans l’étang.
ALBA – Le canard ? Mais il ne chante pas, il fait juste coin-coin !
LE HIBOU – Hou-oui mais c’est gai ! Les enfants rient en l’écoutant. Et moi aussi, je veux être un oiseau
amusant.
ALBA – Mais tu sais hibou, les rossignols, les merles et les canards ne savent pas chanter comme toi.
Au moins, grâce à ton chant, les autres animaux peuvent se repérer pendant la nuit.
LE HIBOU – Tu crois, peBte fille ?
ALBA – Mais oui ! Tu as ton propre style !
LE HIBOU – Hou ! Je n’y avais pas pensé. Dans ce cas, je peux arrêter de m’entraîner.
ALBA – Mais dis-nous hibou, peux-tu nous indiquer notre route maintenant ?
LE HIBOU – Bien-sûr ! Prenez le chemin à gauche. Vous verrez le grand cèdre. A droite, il y aura une
peBte pente. Quand vous la descendrez, vous retrouverez facilement le village.
ALBA – Merci et bon courage ! Allez, Gabriel. Ne traînons pas.
Mes mains sont gelées. Si seulement on pouvait faire un feu… Tu vois le peBt châtaignier qui grelo^e
sous la neige ? Regarde ses branches s’agiter dans le vent. Il se met à danser !
Chut. Il y a quelqu’un ? J’ai entendu les branches craquer.
LE LOUP – Ahou !
ALBA – Un loup ! Un vrai ! A^ends. Je crois qu’il essaye de nous dire quelque chose.
LE LOUP – Toute la journée, je n’ai pensé qu’à revoir la peBte fille du village. En retournant ici, j’étais
sûr de la retrouver. J’aimais bien la regarder. Je me demandais ce qu’elle aimait, si elle était contente
d’être là avec moi. Elle venait souvent se promener dans la montagne, une guitare sur le dos. Elle
ramassait des feuilles de chêne, des plumes et des galets qu’elle fourrait dans ses poches. La première
fois qu’elle s’est assise sous le châtaignier, elle a dit en regardant le ciel :
LA PETITE FILLE A LA GUITARE – Je sais que tu es là…
LE LOUP – Alors lentement, très lentement, je suis sorB de ma cache^e. Elle n’a pas crié ni reculé
lorsqu’elle m’a vu. Non. Elle a tendu sa main vers moi et je suis venu renifler ses doigts. Elle sentait la
mousse et le pain grillé. Les soirs suivants, elle revient. Elle me cherche, m’appelle doucement, me
parle avec des mots qu’elle invente. Elle chante sans s’arrêter, raconte des histoires qui n’ont de sens
que pour elle et moi, je reste là, assis par terre à l’écouter.
Au début, c’est vrai, je reste prudent. J’avance sans bruit et me glisse dans l’ombre dès que je la sens
un peu trop s’approcher. Mes parents m’ont appris que les humains pouvaient être dangereux avec
les bêtes comme nous. Ils m’ont raconté les pièges et leurs cris. Les loups sont faits pour vivre libres,
parcourir la montagne sans a^aches ni promesses. Et ce^e enfant, je sentais qu’elle pouvait vite
s’a^acher à moi. Alors un soir, quand elle pose sa main sur ma tête, je décide de lui échapper. Je me
mets à courir jusqu’à la clairière, là où les lucioles dansent avec la lune. Caché derrière le grand cèdre,
je la vois poser sa guitare sur ses genoux et je l’entends chanter. Mais la porte de sa maison s’ouvre
avec fracas. Dans l’embrasure, ses parents se me^ent à hurler :
LA MERE – Mon dieu, mais c’est un loup !
LE PERE – Tu es folle ma fille ! Qu’est-ce qui t’as pris ? Rentre vite avant qu’il nous dévore !
LE LOUP – En entendant cela, les gens du village sortent leurs fusils et se me^ent à Brer partout
autour de moi. J’ai peur mais je parviens quand même à m’enfuir loin, très loin dans la forêt. Je n’ai
plus jamais revu la peBte fille. Alors parfois, je retourne ici et je m’allonge sous le peBt châtaignier. En
fermant les yeux, je peux encore l’entendre chanter.
GABRIEL – Mais tu n’as pas peur de nous ?
LE LOUP – Ahou ! Non. Je ne vous crains pas. Les adultes se méfient de moi. Ils croient que je leur
veux du mal. La peur ne vient pas de moi, mais de ceux qui grandissent et qui oublient de regarder le
monde avec leurs yeux d’enfants. Ce^e histoire m’a appris une chose importante. J’ai compris que je
devais me tenir éloigné des hommes, sans leur en vouloir ni les craindre pour autant. Je dois rester
fidèle à ce que je suis. Sauvage et libre. Personne ne peut m’apprivoiser. Et maintenant je dois parBr.
Au revoir, les enfants. Si vous croisez la peBte fille à la guitare, dites-lui que je pense à elle. Ahou !
ALBA – Allez, Gabriel. Il se fait tard. Oh, mais ça y est, je reconnais !
GABRIEL – Le grand cèdre !
ALBA – La peBte pente !
GABRIEL – Le village !
LA MAMAN – Les enfants, il est temps de dormir ! Terminez vite votre histoire. Sinon, les lapins bleus
ne pourront pas venir vous apporter des surprises.
ALBA – Maman, tu ne devineras jamais tout ce qu’on a vécu !
GABRIEL – On a suivi un lapin bleu !
ALBA – Et la vieille souche nous a donné ce^e graine.
GABRIEL – Et nous avons appris au hibou à croire en lui.
ALBA – Et nous n’avons plus peur des loups.
LA MAMAN – Vous avez bien marché, mes peBts aventuriers.
GABRIEL – Oh ! ça oui !
ALBA – Un peBt pas dans la neige à la fois.

De Hannah Mimoun

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