Le fil invisible - Ocarina Player
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    Le fil invisible

    Le fil invisible

    Il était une fois un petit garçon nommé Elio, qui vivait dans un village où l’hiver arrivait tôt et
    restait longtemps. Dès les premiers flocons, il se sentait comme dans un rêve. Il aimait les
    rues couvertes d’un manteau blanc, le bruit des craquements de ses pas dans la neige, les
    toits scintillant sous le givre et les arbres portant des cristaux de glace comme des bijoux.
    Les bruits du monde semblaient étouffés, comme si le temps lui-même s’était mis en pause.
    Elio adorait l’hiver, mais ce qu’il préférait par-dessus tout, c’était Noël. Chaque année, il
    attendait avec impatience l’ambiance si particulière qui régnait au mois de Décembre.
    Dans le village, les maisons étaient décorées de guirlandes lumineuses, de bougies et de
    couronnes de houx. Les fenêtres étaient embuées de chaleur et de lumière, et dans l’air
    flottait un parfum de pain d’épices et de chocolat chaud.
    Une musique douce et des chants de Noel résonnaient dans les rues. Le vent faisait
    frissonner les décorations suspendues aux fenêtres, qui tintaient légèrement, comme des
    clochettes.
    “Tu sais, papa,” dit Elio, un soir, en regardant les étoiles qui commençaient à briller dans le
    ciel gelé, “ L’hiver est ma saison préférée ; il rend tout plus calme et plus beau. Et j’adore
    Noël, recevoir et offrir des cadeaux. ”
    Son père sourit, le regardant avec tendresse. “C’est vrai, Elio. L’hiver et Noël ont une magie
    particulière. Mais n’oublie pas que ce sont les moments partagés, les sourires, et la chaleur
    des personnes chères qui les rendent si merveilleux.”
    Elio se sentit nostalgique en pensant à ses grand-parents qui habitaient en Italie. Il n’avait
    pas la chance de les voir souvent mais sa maman lui avait expliqué que, malgré la distance,
    ils étaient reliés par un fil invisible, celui du cœur.
    Ce soir-là, avant de sombrer dans un sommeil profond, le jeune garçon songea à toutes les
    personnes qu’il aimait.
    Le lendemain matin, quand il se réveilla, la lumière du matin filtrait tout doucement à travers
    les rideaux. Il regarda par la fenêtre : la neige était lumineuse, toute neuve et brillante sous
    les premiers rayons du soleil. Cette journée promettait d’être belle. Elio sauta du lit,
    impatient de retrouver tous ses amis d’école, sa gentille maîtresse et de jouer dans la neige.
    Mais lorsqu’il entra dans la cuisine, il sentit quelque chose de différent. Ses parents étaient
    là, silencieux, le regard marqué par une tristesse qu’Elio n’avait jamais vue chez eux. Ils ne
    souriaient pas. Sa mère, les yeux rouges, posa doucement sa main sur sa tête.
    “Caro mio…”, dit-elle, d’une voix d’une infinie douceur. “Nonna Luisa se n’è andata via
    questa notte.”
    Elio ne comprit pas tout de suite. « Nonna Luisa ? Dové è andata ? » souffle-t-il.
    Il se figea, ses petits pieds nus sur le carrelage froid. Nonna Luisa était sa grand-mère
    adorée, celle qui lui apprenait la nature, qui lui parlait des fleurs, des arbres, des animaux,

    celle avec qui préparait les meilleurs gâteaux au miel des ruches de leur jardin. Elle lui disait
    toujours qu’il était son rayon de soleil. Où était-elle partie ? Et pourquoi ?
    Son père lui expliqua qu’elle avait quitté le monde des vivants pendant la nuit pour rejoindre
    celui des défunts. Ils avaient déjà parlé de la mort à l’école alors Elio comprit ce que cela
    signifiait. Il n’entendrait plus jamais le rire de Nonna Luisa, elle ne le prendrait plus jamais
    dans ses bras.
    Une immense bouffée de tristesse l’envahit, comme un nuage sombre qui se déposait sur
    son cœur.

    Ce matin-là, comme tous les autres matins, Elio se rendit à l’école à pied.
    Il glissa délicatement sa petite main tremblante dans celle grande et chaude de son papa. Il
    aimait ce moment rien qu’à eux deux, où ils traversaient le village en saluant joyeusement
    tous leurs amis.
    Tout particulièrement ce matin, il avait besoin de réconfort et de la solidité de son papa pour
    marcher dignement jusqu’à l’école.
    Ils passèrent en premier devant l’épicerie où Marcello le boucher vendait les meilleures
    saucisses du monde et où Antonella, son épouse, préparait de délicieuses lasagnes à la
    ricotta.
    Au-dessus de l’épicerie, habitaient Rose, son petit frère Joseph et leur maman Anna qui
    faisait de délicieuses tartes aux myrtilles qu’elle rapportait de son pays, la Suède.
    A chaque fois qu’ils passaient devant chez Violette, Elio fermait les yeux pour respirer les
    parfums fleuris qui se dégageaient de sa boutique aux mille couleurs où elle taillait et
    assemblait des fleurs aux senteurs exquises.
    En passant devant la librairie, ils virent Sakura qui replaçait quelques livres dans la vitrine et
    leur fit signe de la main avec un grand sourire. Elle leur avait raconté sa vie au Japon avant
    de venir s’installer ici.
    Les parents d’Elio lui avaient dit un jour qu’ils avaient choisi ce village car il leur rappelait
    celui où ils vivaient en Italie : tout le monde se connaissait et avait toujours un mot gentil qui
    réchauffait le cœur.
    Ses grand-parents venaient passer tous leurs étés ici auprès d’eux ; tous les gens du village
    les connaissait et appréciait la joie de vivre, la douceur et la bonté qui émanait de Nonna
    Luisa et le côté espiègle de Nonno Antonio.
    Il croisèrent aussi Flavio, le pianiste argentin du village, dont les gammes colorées
    résonnaient toujours gaiement. Il avait toujours le sourire ; sa peau et ses cheveux dorés et
    bouclés semblaient gorgés de soleil. Souvent, ils s’arrêtaient quelques minutes pour écouter
    ses mélodies qui sortaient des fenêtres de sa maison.
    Un peu plus loin habitait Maggie, la plus vieille Lady du village. Elle avait gardé son accent
    anglais et s’habillait toujours avec de belles tenues colorées.

    Ils passèrent ensuite devant la boulangerie où l’odeur du pain chaud se mêlait à celle des
    pâtisseries fraîches. Elio s’arrêta un instant, attiré par le spectacle des éclairs au chocolat et
    des bûches de Noël qui trônaient derrière la vitrine. Il songea à Nonna Luisa qui lui disait
    toujours qu’il fallait prendre le temps d’admirer les belles choses. Elle aimait tant, elle aussi,
    cette période de l’année.
    Comment profiter de la joie de Noël sans elle ?
    Elio y songea toute la journée à l’école. Et le soir, en rentrant de l’école, il avait trouvé
    comment remettre un peu de joie dans le cœur de ses parents. Mais chut ! C’était son secret!

    Le jour de Noël arriva. Elio et ses parents avaient cuisiné ensemble et dressé une belle
    table. Nonno Antonio avait fait le voyage pour être auprès d’eux et partager leur tristesse.
    Soudain, on frappa à la porte. Tous les villageois étaient regroupés devant le perron,
    heureux d’être là pour apporter joie et réconfort à leurs amis. Ils avaient tous répondu
    présents à l’invitation d’Elio. Le petit garçon avait les yeux brillants de joie. Ses parents et
    son grand-père le regardèrent plein de tendresse, d’admiration et de fierté.

    Malgré la tristesse, la journée fut douce et joyeuse. Il y eut des rires, des jeux, de la
    musique, des chansons, des histoires et de délicieuses choses à manger : des saucisses à
    la pistache, du panettone, des mochis, des kebbé (des boulettes de viande épicée) et des
    baklawas aux noix et au miel et tant d’autres choses…
    Les enfants s’amusèrent, toute la journée, tous ensemble autour du grand sapin.
    Chaque fois qu’un éclat de lumière passait à travers les fenêtres, Elio se disait que, quelque
    part, Nonna Luisa veillait sur lui, au-delà des étoiles.

    Ce Noël-là, Elio apprit que la joie, même au milieu de la tristesse, pouvait renaître.
    Il suffisait de se souvenir du fil invisible qui nous relie à ceux que nous aimons, qu’ils soient présents ou non.

    De Anne Gottero

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