C’est l’histoire d’un petit pélican tout rouge.
Le petit pélican rouge a beaucoup de chagrin. Il pleure.
— Snif-snif !
Aujourd’hui est un jour particulier. C’est Noël !
Il vit dans le marais sur une île tropicale. Mais il a honte de son plumage tout rouge.
Ses parents essaient de l’éduquer, mais il refuse. Il a honte. Il préfère se promener
seul au bord de l’eau. Il n’a jamais appris à voler. Le matin, il s’amuse à regarder
les autres pélicans planer dans le ciel.
— Ah ! Ah ! Ah ! Tu es tout rouge comme le père Noël, se moquent ses camarades.
Hélas ! Le petit pélican têtu ne sait toujours pas voler. Pourtant, il rêve de découvrir
le monde.
Un jour, lors d’une promenade, il aperçoit une ombre rouge au bord de l’eau.
— Qui est là ? crie-t-il d’un air effrayé.
Un vieux monsieur habillé d’une longue robe rouge à capuche avec une grosse
barbe blanche apparaît et répond :
— Bonjour petit pélican, je suis le père Noël !
Effrayé, le petit pélican se met à trembler. Son bec en forme de sabot fait :
— Clac-Clac !
Il tente de fuir. Mais le Père Noël le rattrape. D’une douce voix, il lui dit :
— N’aie pas peur. Je suis celui qui apporte toujours de bonnes nouvelles.
— Ouf ! soupire le petit pélican d’un air rassuré.
Il regarde le père Noël avec curiosité et rajoute :
— Alors c’est vrai ! Tu es bien le père Noël.
— Oui, répond le vieux monsieur.
C’est ainsi que le petit pélican et le père Noël se mettent à bavarder. Le vieux
monsieur raconte sa vie de père Noël puis demande :
— Et toi ? Raconte-moi ce que tu fais.
À cet instant, le petit pélican, d’un air honteux, avoue :
— Père Noël, je ne suis pas toujours gentil avec mes parents. Et je ne sais toujours
pas voler.
Le père Noël répond d’une voix rassurante :
— Je sais. C’est pourquoi je suis là. Si tu avais écouté tes parents, tu saurais voler.
Brusquement, le Père Noël fait une pirouette sur lui-même et lève les deux bras
vers le ciel. Et comme un magicien, « Vloum ! ». Un gros nuage blanc apparaît
dans le ciel bleu.
— Monte sur le nuage, je vais t’aider, dit le Père Noël, mais seulement si tu es
sage.
À cet instant, le petit pélican commence à croire au miracle. Il réfléchit et accepte.
Peureux, il monte quand même sur le nuage et il s’assoit à côté du Père Noël.
C’est le début d’un long voyage. Le nuage prend lentement son envol. Et hop ! Les
voilà partis. Quelle joie pour le petit pélican ! Il vole enfin pour la première fois dans
les airs. Le nuage fait des ronds dans le ciel. Pourvu qu’ils ne se perdent pas.
— Regarde en bas ! s’exclame le père Noël.
Aussitôt, les yeux du petit pélican rayonnent de joie.
— Oh là là ! Je vois une rivière, un chemin, des arbres, et même un moulin !
C’est la campagne. Le vent souffle. Le petit pélican gesticule. Une nuée d’oiseaux
de toutes les couleurs poussent des cris et accompagnent le père Noël. C’est la
magie de Noël ! D’un air joyeux, le Père Noël rajoute :
— Regarde-les. Tu vois, ce n’est pas difficile de voler. Vas-y maintenant ! Je reste
près de toi. Allez ! Saute !
La peur s’empare du pélican. Après plusieurs tentatives, il se lance enfin, mais
peine à garder son équilibre. Tout à coup, le père Noël crie :
— Attention !
Le petit pélican tombe. Trop tard. Bang ! Patatras ! Plouf ! Heureusement, rien de
cassé. Il vient de tomber dans un bassin rempli d’eau savonneuse. Légèrement
étourdi, il se relève, secoue son beau plumage ébouriffé et bat des ailes. Les bulles
qui s’évaporent couvrent ses yeux comme une nuée d’étoiles. Il éternue :
— Atchoum ! Atchoum ! Aïe ! Aïe ! Aïe !
Pendant que le pélican se lamente, le Père Noël sourit et pose une main
rassurante sur sa tête.
— Ne t’inquiète pas. On va recommencer, dit-il d’un air complice.
Après une hésitation, le petit pélican s’écrie :
— Un ! Deux ! Trois !
Et hop ! Il s’envole en agitant les ailes. Tandis que le père Noël le suit sur son
nuage, son cœur bat vite, il vole tout seul comme un grand. Il a pris confiance en lui
et se met à chanter sur l’air de « Il était une bergère »:
Un petit pélican,
Et ron, et ron, petit patapon ;
Un petit pélican,
Ne savait pas voler,
Ron, ron,
Ne savait pas voler.
Rouge comme le père Noël,
Et ron, et ron, petit patapon ;
Rouge comme le père Noël,
Il se mit à voler,
Ron, ron,
Il se mit à voler.
C’est la magie de Noël,
Et ron, et ron, petit patapon ;
C’est la magie de Noël,
Un fabuleux Noël,
Ron, ron,
Un fabuleux Noël !
Quelle joie de voler tout seul ! Après ce long voyage à travers la campagne, le soir
arrive. Il est bientôt minuit. Dans le ciel, les étoiles brillent et illuminent le toit des
maisons. Un torrent de lumière dorée reflète. La journée a été chaude. La fraîcheur
du soir lui caresse le corps. C’est merveilleux ! Le petit pélican est heureux. Le
miracle de Noël vient de se produire. Il vole maintenant accompagné de tous les
pélicans. Mais le temps passe vite. Essoufflé, il faut rentrer à la maison.
— Mes parents vont me gronder ! s’exclame le petit pélican.
Il remercie le Père Noël. Puis, bercé par le vent, il prend le chemin du retour. Lui,
qui était si peureux, sait maintenant voler. Il a pris confiance en lui. Quel beau
cadeau de Noël !
Pendant ce temps, Maman et Papa pélican l’attendent d’un air inquiet. Le petit
pélican est heureux de revoir ses parents. Fatigué, il se met à pleurer et se blottit
contre sa maman. Elle le serre fort avec fierté. Elle saisit sa tête entre ses ailes et
lui demande d’une douce voix :
— Tu n’es pas blessé ?
— Non. Je vais bien, répond-il.
Et il promet d’être obéissant. Maman pélican sourit. Elle le trouve courageux et
évite de le gronder. Quelle journée ! Aujourd’hui, c’est le grand jour.
La fête de Noël ! Pour l’occasion, Papa et Maman pélican décident de réunir toute
la famille pour un moment de partage autour d’un gâteau au chocolat.
Le petit pélican a beaucoup de choses à raconter. Toute la famille pélican l’écoute
puis applaudit :
— Bravo ! Bravo !
Le petit pélican se met à chanter. Et ils reprennent tous en chœur sa chanson :
« Un petit pélican, et ron, et ron, petit patapon».
Et maintenant, c’est l’heure de dormir. Le petit pélican pense à cette jolie soirée de
Noël qu’il vient de passer en famille. Il n’y avait ni sapin, ni guirlandes, ni boules
multicolores, mais c’était une belle soirée de Noël ! Le marchand de sable lance
une poudre. Il ferme les yeux. Une musique s’élève d’un coup. Et le petit pélican
s’endort, la tête pleine de rêves.
Depuis ce jour, chaque année, le 24 décembre, le Père Noël revient dans le marais
et on l’entend crier :
— Où es-tu petit pélican ? Je suis là !
Une belle amitié est née. C’est la magie de Noël !
De Jacqueline Delepine