La musique a une dimension interactive qui provoque du plaisir et fait se rencontrer et partager des émotions.
C’est ce qu’affirme Ettore Caterino, neuropsychiatre pour enfants, musicien, promoteur de nombreux projets éducatifs visant à encourager les processus d’inclusion et d’apprentissage des enfants atteints de troubles du spectre autistique. Le Dr Caterino est responsable du Réseau d’entreprise pour l’autisme de l’Azienda USL Toscana sud – est avec laquelle Ocarina a activé une collaboration – dans le cadre du projet Ocarina (re)Player – en fournissant un approvisionnement en Music Players reconditinnés pour les activités éducatives et récréatives proposées par leurs structures.
Le succès de la musique dépasse souvent les frontières et suscite des émotions, quel que soit le contexte dans lequel elle est entendue. Cela prouve que la musique est un langage universel qui peut surmonter les barrières entre les individus. Cela est également vrai lorsqu’on travaille avec des enfants atteints de troubles du spectre autistique : la musique peut-elle les aider à communiquer et leur permettre de nouer plus facilement des relations avec les autres ?
Prendre en charge un enfant autiste, c’est aussi prendre soin du contexte dans lequel il vit (famille, école…), en l’aidant à créer des interactions adaptées à son développement. Dans nos structures, nous prenons en charge et soutenons l’ensemble de l’écosystème qui gravite autour des enfants. Dans ce travail, la musique devient un élément fondamental, un vecteur naturel de communication qui nous accompagne dès la naissance et qui, s’il est bien cultivé, peut aider à établir des relations à différents niveaux. Lorsqu’un enfant autiste choisit une chanson ou préfère une tonalité plutôt qu’une autre, il met déjà en action une communication qui permet aux parents, aux enseignants et aux pairs de se rapprocher, de comprendre ses goûts et ce que son cerveau sélectionne, même dans le cas d’enfants qui ne parlent pas.
La musique devient ainsi un humus de croissance; en tant que système modal, sans codes structurels, elle possède une dimension interactive qui provoque du plaisir et rapproche les individus. Si nous dansons avec quelqu’un, nous nous imitons mutuellement, nous entrons en relation. De même, si nous dansons ou simplement écoutons de la musique avec des enfants autistes, nous avons la possibilité d’entrer en relation avec eux, en découvrant que nous partageons nos émotions.
En plus de favoriser les relations, la musique peut-elle être une méthode d’apprentissage différente de celles utilisées traditionnellement ?
La musique marque les relations mais aussi les moments de la journée, en construisant des significations du temps et de l’espace. Il est important que l’enfant sache qu’une certaine musique est jouée à l’école, différente de celle qu’il entendra l’après-midi à la maison avec sa mère, et après le dîner, avant d’aller se coucher, avec son père… De cette façon, la musique représente une forme de temps d’apprentissage.
L’écoute de chansons ou d’histoires audio contribue également au développement du langage. Dans leur travail avec les orthophonistes et les psychologues, les enfants autistes écoutent souvent plusieurs fois le même morceau de musique et aiment ensuite s’enregistrer en essayant de se le chanter. Cela leur permet de prendre conscience de leur langage et d’en augmenter la production.
L’un de vos derniers projets éducatifs est la Comédie musicale “Tommy”, une idée conçue par vous et l’Association de parents Grosseto Iron Moms. Quel est l’objectif de ce projet ? Qui y a participé ?
“Tommy” est le premier Opéra Rock de l’histoire, réalisé par les Who en 1969, qui raconte la vie d’un garçon qui, suite à un traumatisme familial, devient aveugle, sourd et muet. “See me, feel me, touch me, heal me!”, supplie ainsi le refrain de Roger Daltrey, le leader du groupe.
Tommy, au cours de son malaise physique, va voyager dans l’imagination et la fantaisie, créant un monde personnel parallèle au monde réel. Ce n’est que lorsque le garçon aura accompli son parcours naturel, fait d’expériences vécues, qu’il réussira, à sa manière, à devenir un champion du jeu de flipper.
Nous avons choisi de mettre en scène cette Comédie musicale parce qu’elle parle d’une histoire de rédemption ; notre intention est en fait celle de valoriser l’autisme, non seulement en tant que maladie, mais aussi de mettre en évidence les talents et les compétences, la possibilité d’inclusion dans le monde réel et artistique.
Le spectacle a été suivi par 30 artistes dont des musiciens, des parents et des enfants autistes; une grande satisfaction et un grand résultat, prouvant qu’il est possible de surmonter toutes les barrières lorsque le langage devient un facteur commun.